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Non... laisse moi tranquille, va-t-en !

[ Colette ] Les premiers petits pas

La suite ? Ou plutôt une suite ! J'ai enfilé mes lunettes de bosseuse pour vous l'envoyer depuis mon canapé avec vue sur le sapin ! (d'ailleurs il va falloir que je me réattaque au tissage de la petite chaise bleue qui s'est complètement délité ces derniers jours) BREF. Je n'écris pas cette histoire dans l'ordre chronologique car j'ai peur de me perdre dans les détails d'une succession d'anecdotes sans fin. Je préfère me laisser porter par des instants marquants de notre aventure afin de prendre du plaisir à replonger dans le voyage. J'apprend petit à petit à cerner les personnages que je nous invente ainsi que ce nouveau langage pour poser en mots notre histoire de manière romancée. Plus tard, lorsque j'aurais suffisamment de matière, j'imagine que je broderais des ponts entre ces petites anecdotes. Il faudra certainement les travailler encore et encore jusqu'à obtenir un récit cohérent.

En attendant nous faisons un grand saut dans le temps et retrouvons Marius, Colette, Louise et Gaston en Lettonie. Gaston va avoir un an dans quelques jours et la petite famille est sur les routes depuis plusieurs mois déjà. Leur camping-car est garé près d'un lac. Bonne lecture !

[ Colette ] Je me lance ?[ Colette ] Je me lance ?

Un, deux, trois... patatra !

Colette attrapa le panier d’osier qui faisait office de sac de plage : son maillot, un livre, un drap de bain et l'huile de germe de blé. Louise sautillait d’impatience dans l’espace étroit de l’entrée :
– Allez maman ! Vite, dépêche-toi !
– Chut, papa se repose. Gaston, viens ici que je t’attrape ! Tu t’accroches ? Allez zou c’est parti !
La petite troupe descendit du camping-car et traversa la pelouse en direction du lac. Deux enfants jouaient dans l’eau sous le regard distrait de leurs parents. Une vieille dame feuilletait un magazine sous son parasol. Le soleil n’était pas vif mais il faisait beau. Cette journée de juin sentait bon le début de l’été ! Colette étendit son drap gris à quelques mètres du bac à sable qui faisait office de plage. Gaston s’échappa à quatre pattes et entreprit d’enjamber les gros rondins de bois qui contenait le sable. Le clapotis des vagues léchant la pelouse était tout doux. L’endroit était paisible.
– Maman, je veux aller dans l’eau ! s’exclama Louise.
Collette jeta un coup d’œil discret vers Gaston qui commençait à cuisiner des pâtés de sable un peu plus loin. Elle rassembla les vêtements que la petite fille faisait voltiger en se déshabillant. Louise trépignait de s’élancer vers le lac, elle la badigeonna rapidement d’huile de germe de blé pour protéger sa peau encore pâle et enfonça un joli bob rayé sur sa tête.
– Allez, zou ! A l’eau l’asticot ! Louise courait déjà en direction des autres enfants pour se joindre à leurs jeux. Nue comme un ver !

Il ouvrit les yeux et chercha leurs silhouettes par la fenêtre de la chambre. Il percevait les cris de joie des enfants et le bruit de leurs éclaboussures. Marius les observa un moment de loin avant de se décider à les rejoindre. Il était bien dans la solitude du camping-car, tranquillement installé sur son lit avec vue sur le lac ! Mais malgré la fatigue, le sommeil ne venait pas et il n’était pas insensible à l’appel du soleil. La promesse d’une partie de batailles d’eau avec les petits lui donna l’élan qui lui manquait pour se lever. Il suspendit son jean et son t-shirt à une patère et enfila son maillot de bain dans le camion avant de sortir en courant droit sur Louise.
– Aaaaaaaah ! Je suis le papa qui mouille ! Attention, attention ! J’éclabousse les enfants et les mamans qui croisent ma route ! S’écriait il en prenant d’assaut la mince bande de sable coincée entre l’herbe et l’eau. Slaptch ! Sploutch ! Il attrapa Louise au vol et l’embarqua dans une folle ronde, éclaboussant tout sur son passage. La petite fille riait aux éclats dans ses bras en criant « Encore ! » sous le regard perplexe de son petit frère, mi effrayé, mi amusé. Lorsque les deux petits lettons se joignirent à eux, la bataille d’eau devient générale.
– On mouille maman ?

Colette lisait allongée au soleil. Elle avait enfilé son vieux maillot de bain bleu et s’était installée sur le ventre pour bouquiner confortablement en voyant Marius arriver. Elle adorait ces moments de tranquillité où elle pouvait vaquer à ses occupations sans se soucier des enfants. Elle jeta un regard distrait vers leurs jeux pour le plaisir de graver ce tableau heureux dans un coin de sa tête. Gaston s’amusait à tenir debout, appuyé contre les gros rondins de bois du bac à sable, il semblait très concentré. Marius et Louise riaient comme des baleines, les fesses dans l’eau avec leurs deux acolytes. Elle replongea tête la première dans son roman. Ils avaient bien fait de s’arrêter plusieurs jours sur ce joli bivouac pour reprendre leur souffle avant d’attaquer la mystérieuse Russie ! À peine trente kilomètres les séparaient désormais de la frontière. Dire que demain soir ils dormiraient dans cet immense pays à l’histoire fascinante, c’était grisant ! Colette senti plus qu’elle ne vit la masse humide et fraîche qui s’abattit sur elle.
– Attention à mon livre !
Les deux monstres se pliaient de rire tandis que Colette, furieuse, se débattait sous leur masse.
– Arrêtez ! Vous êtes froids !
– Ah ah ah ah ! C’est pas nous, c’est le monstre du lac ! Pas vrai Louise ?
– Hi hi hi ! Maman tu es toute mouillée !
Colette se redressa tant bien que mal.
– Oh ! Regardez ! Elle pointa du doigt en direction de Gaston. Celui-ci les fixait avec détermination. Il avait de nouveau enjambé les rondins de bois et se tenait debout dans l’herbe. Il fit d’abord un premier petit pas timide sous les encouragements enthousiastes de sa mère qui tendait les bras vers lui. Il fit un second pas porté par les cris hystériques de Marius qui comprenait soudain l’enjeu de cet instant incroyable. Il conclut son exploit par un dernier pas vacillant avant de s’effondrer les fesses par terre et le sourire triomphant sous les applaudissements de l’ensemble de la plage : papa, maman, Louise, la mamie sous son parasol et les deux enfants et leurs parents !
– Oui ! Bravo !

Gaston et Louise dormaient depuis de longues minutes mais Marius et Colette étaient bien trop excités pour trouver le sommeil. Entre les premiers pas de Gaston l’après-midi même et le passage de la frontière tant attendue le lendemain matin ils avaient de quoi être passablement énervés. Après la plage ils avaient passé un long moment à ranger Baloo de fond en comble afin de lui rendre fière allure pendant que les deux petits se disputaient leur nouvelle pompe à eau, confinés dans la minuscule chambre de la capucine. La petite fille du lac et son grand frère avaient offert la pompe à eau à Louise en partant, au moment des adieux. Un joli geste qui avait illuminé le regard de la fillette ! Elle s'était esclaffée toute la soirée en imaginant les futures batailles d'eau qu'elle ne manquerait pas de provoquer avec son arme redoutable ! Maintenant, les petits étaient couchés et dormaient paisiblement (jusqu'à quand ?!), la cuisine était propre, les vêtements des enfants étaient prêts, organisés en deux petits tas sur la table de la dinette. Tout était en ordre. Marius éteignit la lumière, ils tournèrent quelques minutes dans le lit et dans un soupir, attrapèrent chacun une liseuse pour tenter de se changer les idées. Ce fût peine perdue.

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