Le temps des crises
Aujourd'hui je vous embarque avec nous dans le tumulte de notre quotidien sans filtre. On essaye de faire au mieux, parfois ça coule tout seul, parfois on trébuche. C'est aussi ça, notre vie ! Et ce week-end... a été... intense !
La goutte d'eau
Vendredi a été une journée difficile dès le réveil. Impossible d'extirper sereinement Charlie de son lit, elle était épuisée, on a eu le droit aux pleurs, câlins à rallonge, légère exaspération, grosse fatigue. Bref, Benoît est parti au travail en me laissant avec un monstre un peu boudeur et très collant et un mini loustique en pleine forme. Par la suite, le loustique en question m'en a fait voir de toutes les couleurs en se mettant très en colère dès que nous quittions un endroit. Partir de l'école, la cata-je-me-roule-par-terre-et-je-hurle. Quitter l'épicerie, la cata-je-me-roule-par-terre-et-je-hurle. Passer à la librairie, la cata-je-me-roule-par-terre-et-je-hurle... et ainsi de suite jusqu'à ce que j'abandonne tout espoir de sortie hors de mon canapé. Une journée ou la frustration n'était pas possible à gérer pour lui.
Le vendredi soir a été un peu survolté mais c'était raisonnable (un apéro zéro déchet avec quelques personnes du coin, merci c'était chouette !). La nuit du vendredi au samedi a été calamiteuse avec des réveils très réguliers de Gaspard (de l'eau, pipi, veux pas do'mir). Et nous voilà à point pour un samedi catastrophique ! Il pleut. Deux mômes qui se chamaillent, crient, courent, râlent, boudent... Et deux parents dépassés et surtout épuisés qui ne gèrent plus leurs propres humeurs (massacrantes, tu imagines bien). Bref. Après de multiples disputes et beaucoup de mauvaise humeur, nous avons embarqué notre petite troupe sous les bras direction le marché de Noël le plus proche, sous la pluie, pour respirer. Quelle belle idée ! Nous avons fait un tour de manège ensemble, on a ri, on a mangé des chichis, on a sauté dans les flaques et on a savouré cette parenthèse de bonheur revenu ! Ça n'a pas suffi à effacer la fatigue et la soirée a ensuite été pourrie. Voila.
Alors samedi soir, une fois les enfants couchés, au lieu de monter le nouvel escalier (de toute façon il nous manque une pièce grrrr...), de trier les photographies, de repeindre un mur ou de... on s'est posé sur le canapé et on a remis les choses à plat. Ce qu'on veut, ce qu'on ne veut pas, ce qu'on pense des enfants (ce sont des monstres sanguinaires qui nous sucerons jusq'à la moelle), ce qu'on espère (les transformer en licornes au pays des bisounours) et blablabla. On s'est senti comme deux merdes, nous étions penaux et pas très bien dans nos chaussettes alors on s'est réfugié sous la couette pour bouquiner et se coucher tôt. Enfin. Plus tôt que d'habitude. On a dormi. On s'est réveillé. Et une nouvelle journée à commencé !
Le vase est vide
Reset !
Ce matin j'ai ouvert les yeux. La nuit avait été sereine. Pas de réveil nocturne, des câlins au réveil, je sors un pied du lit. Le petit déjeuner se fait dans la bonne humeur, la pluie a cessé. Les enfants sont joyeux et reposés, nous aussi. Je leur annonce la surprise du jour avec un peu d'appréhension : nous allons voir un spectacle dans une heure, tous aux écoutilles, on s'habille ! Charlie râle, rechigne, je sens l'exaspération monter mais je respire. On l'écoute, on négocie, on l'embarque avec sa tête des mauvais jours mais on respire. Elle hésite à tout fiche en l'air mais elle respire. Et on décolle l'humeur incertaine pour finalement passer un très joli moment à rire tous ensemble ! Ouf ! "C'est mon meilleur moment de la journée !" décrète notre chippie. Nous faisons un crochet pour poster la fameuse lettre au Père Noël, décorée avec beaucoup d'applications il y a quelques jours. On rentre à la maison, je cuisine des crêpes pendant que Charlie joue à mes côtés, on est bien juste toutes les deux. Benoît s'occupe du jardin pendant que Gaspard fait de la draisienne, ils sont bien tous les deux. Ce repas / goûter est une fête, tout le monde est très joyeux. On propose ensuite de profiter de l'éclaircie pour sortir faire du vélo, comme prévu depuis plusieurs jours. Charlie se braque, décide que finalement non, préfère rester jouer dans sa chambre. On est tous prêt à sortir, on négocie, je sens l'exaspé... non ! Je respire, on discute, on essaye de comprendre. On sent que ça bouillonne un peu mais on prend le temps, on désamorce, elle nous suit à contrecoeur. Les enfants s'élancent à deux roues sur le bitum lorsque la première goutte de pluie se fait sentir. Un regard entre lui et moi et l'envie folle de lâcher prise. Tant pis pour la pluie, c'est parti mon kiki ! Les enfants roulent sous le déluge, nous courrons derrière eux en riant. Gaspard nous éclabousse à toute bringue dans les flaques. Charlie s'écrie "Je ne veux plus qu'on rentre à la maison !". Nos joues sont rouges de bonheur, le soleil est revenu dans nos coeurs.
Et donc ?
Il est tard maintenant. En rentrant je me suis installée près du feu pour peindre et me retrouver un peu mieux. J'avais besoin de sérénité. Gaspard m'a rejoint, puis Charlie. Nous avons peint, dessiné, collé, colorié, découpé. Nous nous sommes concentré. Nous avons partagé ce moment tout doucement, légèrement, sans heurts, à pas feutrés. C'était si bon ! Ce soir je me couche de nouveau épuisée mais sereine. Je ne me sens plus merdeuse. Lui non plus. La soirée a été douce et nous nous sommes reconnectés. Ça n'a pas été simple ces quelques jours chaotiques mais nous avons retrouvé un chemin vers la bienveillance qu'on avait un peu perdu de vue dernièrement. Nos ressources de parents sont de nouveau disponibles. Ouf ! Et pourvu que ça dure !